Récemment, lors d'une soirée , alors que je discutais avec des amis,la conversation s'est orientée vers le thème: "Quelle a été votre plus grande fierté ?"
(Oui, j'entends déja les Belges me dire " Non mais tu parles d'une conversation d'intellectuels de série Z ! Vous pouvez pas faire comme tout le monde et parler de trucs simples comme le sujet des soutiens gorge Bonnet D ? " Ben nan bande de bananes flambées au mazout, moi je peux rien dire sur ce sujet vu que j'ai pas de Bonnet D. J'ai qu'un bonnet d'âne éventuellement, voire un bonnet B...)
(Oui, j'entends déja les Belges me dire " Non mais tu parles d'une conversation d'intellectuels de série Z ! Vous pouvez pas faire comme tout le monde et parler de trucs simples comme le sujet des soutiens gorge Bonnet D ? " Ben nan bande de bananes flambées au mazout, moi je peux rien dire sur ce sujet vu que j'ai pas de Bonnet D. J'ai qu'un bonnet d'âne éventuellement, voire un bonnet B...)
Alors j'ai réfléchi au thème et j'ai écouté... Certains ont parlé de leurs carrières, d'autres de leurs progénitures, de la réalisation de leurs projets...
Mais quand vint mon tour de m'exprimer et que les regards se tournèrent vers moi, je n'avais toujours rien à dire. J'avais beau chercher, rien ne venait.
Pourtant, moi aussi j'avais réalisé des choses dans ma vie... mais sans en retirer de la fierté.
"Allez Shadow ! Y'a bien quelquechose au moins dans ta vie vis à vis de laquelle tu as au moins ressenti une immense satisfaction !?!!" m'a lancé l'assemblée à l'unisson.
Immense satisfaction ? Ben non. J'voyais toujours pas. Alors j'ai pas répondu.
Et c'est en regagnant mon home sweet home tard dans la nuit que, d'un coup, j'ai su.
Quelquechose m'est revenu en mémoire...Un évènement, surgissant du passé comme si il était arrivé hier, alors que je le pensais disparu, oublié, balayé par le vent des années...
J'avais 14 ans et j'étais en vacances dans les Landes, à Hossegor, tout près de l'Océan Atlantique.Coin que j'affectionne particulièrement pour ses longues plages de sable qui s'étendent à perte de vue, ses immenses vagues sauvages qui peuvent vous emporter et ne jamais vous ramener.
Cette année là, mon chemin a croisé celui de Pierre, un enfant de 10 ans. Un autiste pur et dur. Pas un mot, même pas un regard vers l'extérieur, seulement des cris. Des cris de bête qu'on égorge ou qu'on torture. Rien n'y faisait. Ni la douceur, ni la sévérité. Ce gamin n'était qu'un cri à chaque moment de sa vie.
J'avais entendu parler ses parents à plusieurs reprises. Manifestement, ils n'en pouvaient plus et avaient projeté, dès la fin des vacances, de l'envoyer dans une structure psychiatrique à défaut de pouvoir le garder.
Alors, Dieu sait pourquoi, un après midi, au lieu d'aller me dorer la pilule sur la plage, j'ai proposé aux parents de le garder, ce qu'ils ont accepté bien volontiers, ça leur permettait de souffler.
Je me suis assise sur une balancelle ,à coté de lui. Il regardait par terre. Alors moi aussi j'ai regardé par terre.
Et pendant 2 heures et demie, nous n'avons rien dit.On s'est juste balancés.
J'avais apporté avec moi un bouquin.Oh, rien de transcendant, juste un cahier de révisions scolaires, de ceux qui répètent aux retardataires ce qu'ils n'ont pas retenu pendant l'année écoulée...
Je ne me souviens plus du titre du cahier, peut être était ce "J'apprends à compter au CP " ou "Les bases pour rentrer aux PTT ". Un truc facile quoi....
Ce sont les parents du gosse qui me l'avaient donné. Ils l'avaient acheté dans l'espoir que leur fils daigne l'ouvrir avec eux, ou, à tout le moins, le regarder. En vain. Le gamin ne regardait rien. Il ne regardait même pas les gens. Même pas ses parents.
Au bout de 2 heures et demi de silence , j'ai ouvert le bouquin .
Sur l'une des premières pages, il y avait des dessins. Des pommes. Bien rouges et si alléchantes qu'on en aurait mangé le papier. Des pommes qui s'additionnaient. Une pomme plus une pomme plus une pomme.Ca fait trois pommes.
Alors, à voix haute, j'ai commencé à compter les pommes. Une fois , deux fois, mille fois...
Je devais en être à la 156 000 ème pomme lorsque la magie a opéré.
Pierre a commencé à regarder les pommes sur le cahier.
Et puis il m'a regardé.
Et puis il m'a parlé....
Il m'a demandé si on pouvait compter les lapins comme on pouvait compter les pommes.
Je lui ai dis que oui, que c'était pareil. Qu'on pouvait tout compter. Les pommes, les lapins, les gateaux, les sourires, les vers de terre dans le sol, les oiseaux dans les airs. Que tout ce qu'on pouvait trouver dans le monde entier pouvait se compter et s'ajouter. Et que plus on en ajoutait, et plus on compait loin, plus il y avait du monde, et alors on n'était plus seul....Alors on s'est mis à compter. Tous les deux.
Autiste , ce n'est pas être inintelligent. Au contraire. Je crois même que ce gamin comptait mieux , et plus vite que moi .
(C'est d'ailleurs un truc que je ne devrais pas dire. Je le pense vraiment mais de l'écrire, cela pourrait se retourner contre moi... )
Et pour quelqu'un qui ne parlait d'ordinaire pas, il s'exprimait très bien. Un peu comme si il avait passé ses journées à enregistrer ce qui se disait autour de lui et à tout répéter la nuit pendant que le Monde dormait.
Quand on est arrivés à deux cent mille pommes et des millions d'additions de lapins , je me suis retournée. J'avais entendu du bruit derrière nous.
Les parents.....
Ils pleuraient en se serrant l'un contre l'autre. Nous ne les avions pas entendus arriver, occupés que nous étions à compter.
Pierre s'est retourné aussi. Et il a regardé ses parents en souriant.
Il n'est jamais allé en institut psychiatrique.
A la fin des vacances, ses parents lui ont dégotté , à grand renfort d'argent (ils en avaient et là, oui, c'est important) une structure spécialisée qui l'a accompagné, qui l'a aidé à continuer de sortir de son mutisme. Les parents m'envoyaient des nouvelles de lui régulièrement, il faisait d'énormes progrès.
Aujourd'hui, je ne sais pas ce que fait Pierre, ni où il est.
Et même si ce sont les pommes et les lapins qui l'ont libéré, même si lui et moi nous n'avions fait que nous croiser à l'Heure Magique , celle où tout peut arriver , c'est je crois cet évènement qui, dans ma vie, reste à ce jour ma plus grande satisfaction.
SHADOW
Mais quand vint mon tour de m'exprimer et que les regards se tournèrent vers moi, je n'avais toujours rien à dire. J'avais beau chercher, rien ne venait.
Pourtant, moi aussi j'avais réalisé des choses dans ma vie... mais sans en retirer de la fierté.
"Allez Shadow ! Y'a bien quelquechose au moins dans ta vie vis à vis de laquelle tu as au moins ressenti une immense satisfaction !?!!" m'a lancé l'assemblée à l'unisson.
Immense satisfaction ? Ben non. J'voyais toujours pas. Alors j'ai pas répondu.
Et c'est en regagnant mon home sweet home tard dans la nuit que, d'un coup, j'ai su.
Quelquechose m'est revenu en mémoire...Un évènement, surgissant du passé comme si il était arrivé hier, alors que je le pensais disparu, oublié, balayé par le vent des années...
J'avais 14 ans et j'étais en vacances dans les Landes, à Hossegor, tout près de l'Océan Atlantique.Coin que j'affectionne particulièrement pour ses longues plages de sable qui s'étendent à perte de vue, ses immenses vagues sauvages qui peuvent vous emporter et ne jamais vous ramener.
Cette année là, mon chemin a croisé celui de Pierre, un enfant de 10 ans. Un autiste pur et dur. Pas un mot, même pas un regard vers l'extérieur, seulement des cris. Des cris de bête qu'on égorge ou qu'on torture. Rien n'y faisait. Ni la douceur, ni la sévérité. Ce gamin n'était qu'un cri à chaque moment de sa vie.
J'avais entendu parler ses parents à plusieurs reprises. Manifestement, ils n'en pouvaient plus et avaient projeté, dès la fin des vacances, de l'envoyer dans une structure psychiatrique à défaut de pouvoir le garder.
Alors, Dieu sait pourquoi, un après midi, au lieu d'aller me dorer la pilule sur la plage, j'ai proposé aux parents de le garder, ce qu'ils ont accepté bien volontiers, ça leur permettait de souffler.
Je me suis assise sur une balancelle ,à coté de lui. Il regardait par terre. Alors moi aussi j'ai regardé par terre.
Et pendant 2 heures et demie, nous n'avons rien dit.On s'est juste balancés.
J'avais apporté avec moi un bouquin.Oh, rien de transcendant, juste un cahier de révisions scolaires, de ceux qui répètent aux retardataires ce qu'ils n'ont pas retenu pendant l'année écoulée...
Je ne me souviens plus du titre du cahier, peut être était ce "J'apprends à compter au CP " ou "Les bases pour rentrer aux PTT ". Un truc facile quoi....
Ce sont les parents du gosse qui me l'avaient donné. Ils l'avaient acheté dans l'espoir que leur fils daigne l'ouvrir avec eux, ou, à tout le moins, le regarder. En vain. Le gamin ne regardait rien. Il ne regardait même pas les gens. Même pas ses parents.
Au bout de 2 heures et demi de silence , j'ai ouvert le bouquin .
Sur l'une des premières pages, il y avait des dessins. Des pommes. Bien rouges et si alléchantes qu'on en aurait mangé le papier. Des pommes qui s'additionnaient. Une pomme plus une pomme plus une pomme.Ca fait trois pommes.
Alors, à voix haute, j'ai commencé à compter les pommes. Une fois , deux fois, mille fois...
Je devais en être à la 156 000 ème pomme lorsque la magie a opéré.
Pierre a commencé à regarder les pommes sur le cahier.
Et puis il m'a regardé.
Et puis il m'a parlé....
Il m'a demandé si on pouvait compter les lapins comme on pouvait compter les pommes.
Je lui ai dis que oui, que c'était pareil. Qu'on pouvait tout compter. Les pommes, les lapins, les gateaux, les sourires, les vers de terre dans le sol, les oiseaux dans les airs. Que tout ce qu'on pouvait trouver dans le monde entier pouvait se compter et s'ajouter. Et que plus on en ajoutait, et plus on compait loin, plus il y avait du monde, et alors on n'était plus seul....Alors on s'est mis à compter. Tous les deux.
Autiste , ce n'est pas être inintelligent. Au contraire. Je crois même que ce gamin comptait mieux , et plus vite que moi .
(C'est d'ailleurs un truc que je ne devrais pas dire. Je le pense vraiment mais de l'écrire, cela pourrait se retourner contre moi... )
Et pour quelqu'un qui ne parlait d'ordinaire pas, il s'exprimait très bien. Un peu comme si il avait passé ses journées à enregistrer ce qui se disait autour de lui et à tout répéter la nuit pendant que le Monde dormait.
Quand on est arrivés à deux cent mille pommes et des millions d'additions de lapins , je me suis retournée. J'avais entendu du bruit derrière nous.
Les parents.....
Ils pleuraient en se serrant l'un contre l'autre. Nous ne les avions pas entendus arriver, occupés que nous étions à compter.
Pierre s'est retourné aussi. Et il a regardé ses parents en souriant.
Il n'est jamais allé en institut psychiatrique.
A la fin des vacances, ses parents lui ont dégotté , à grand renfort d'argent (ils en avaient et là, oui, c'est important) une structure spécialisée qui l'a accompagné, qui l'a aidé à continuer de sortir de son mutisme. Les parents m'envoyaient des nouvelles de lui régulièrement, il faisait d'énormes progrès.
Aujourd'hui, je ne sais pas ce que fait Pierre, ni où il est.
Et même si ce sont les pommes et les lapins qui l'ont libéré, même si lui et moi nous n'avions fait que nous croiser à l'Heure Magique , celle où tout peut arriver , c'est je crois cet évènement qui, dans ma vie, reste à ce jour ma plus grande satisfaction.
SHADOW
27 commentaires:
J'ai des nouvelles de Pierre : il a changé de prénom, il habite dans le neuf-trois, il est comptable spécialisé dans les dépôts de bilans et passe son temps à écrire des ânneries sur un blog dont le nom ne veut rien dire d'intelligent...
Ton histoire, ça veut tout simplement dire que les enfants se comprennent... Je trouve ça évident et bête comme chou.
Aglagla, guguguguguuuuuu, ouuuuuhaaa, niiiiaaaaaahhhhh, jmmmmmmmmiiihhh, ouhouhouuu...
Mouah, Rico ! C'est toi, alors ! J'me disais bien que t'avais pas l'air fini ! :)
kissé ki koz, on comprend plus rien !
En tant que membre du C.D.C.R. je tiens à signaler que je trouve absolument inadmissible qu'on ose aborder une page de mon passé dont je souhaite taire l'existence sans avoir pris contact avec moi au préalable, ni m'avoir demandé la permission. Je suis décidé à déposer une plainte auprès des autorités psychiatriques compétentes. Et d'abord, vous êtes une pas gentille ! Na !
Monsieur J. Membre du C.D.C.R. (Comité de Défense des Crevettes Roses).
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Crevettes roses powaaaaaa !
Je savais bien que tu avais un frêre autiste, Shadow ! Ah la famille, y'a rien de tel...
"J'ai parlé à un enfant, il m'a répondu, et j'en suis fier" Shadowgirl in "Ma fierté ma bataille", éditions Trizo, 150 pages - 3,50 Eur
'tain, ch'uis en verve, aujourd'hui, ch'uis même en verveine !
Et ça me poursuit, vu que presque à chaque fois que je me fais des amis, ils sont belges... Tiens , à propos, ça fait longtemps qu'on a pas entendu le Pingoo... Il cuve dans sa cave tu crois ?
Après "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux", "la fille qui murmurait à l'oreille des trizos" !
C'est la grande forme Rico là ! t'as mangé des piles wonder ou quoi ?
J'ai acheté des nouvelles capotes, y'avait un anneau vibrant avec !
T'es un grand malade ! :) Tiens t'as investi dans des capotes ? Une ouverture peut être ? 'Tain Je plains les z'écureuils du 9-3 !
De quoi tu parles ? Je ne vois pas le rapport...
Rahhh ! t'es belge touaaa !!!!
Bah laisses tomber, la migraine me reprend....
Heu, non, c'est toi qui es blonde, je crois...
Tiens, je viens de remarquer que tu avais justifié ton texte ! Je trouve ça nettement plus lisible. Tu fais des progrès, pour une blonde. Bientôt, tu pourras aussi écrire tes textes sans l'aide du Bescherelle. Allez, nous sommes tous avec toi !
Bescherelle ? La sauce à base de lait, de farine et de beurre ?
Non, blondegirl, ça, c'est la bechamel, qu'il ne faut pas confondre avec une certaine substance qui s'échappe du corps de l'homme après une manutention exacerbée, mais ceci est un autre sujet.
Ben, il ne se passe pas grand chose sur ce blog...
A t'il seulement existé un jour ?
Depuis que shadow girl passe son temps à préparer des pièges mortels pour ses collègues, elle dispose donc moins de temps pour poster ?
Depuis que Rico passe son temps à mater les nibards et le cul de sa patronne, il ne dispose plus d'assez de mains pour taper sur son clavier ?
Naaaaaaaaaavrant...
Pièges mortels ? Euh si j'ai mis des mines anti personnelles devant la porte de mon bureau c'est surtout pour me protéger de certaines personnes qui donnent , par exemple, des instructions pour qu'on me parle pas ...si tu vois ce que je veux dire... Vu que c'est toi qui me l'a dit, tu vois surement....
'Tain heureusement que j'ai pas vécu durant la dernière guerre... J'aurais surement finie fusillée par la Gestapo ou planquée dans le Maquis.
Mais aujourd'hui Shadowgirl est entrée en Résistance contre la malhonneteté, le mensonge, le vice et le pastis. Du coup, ça sent la mutation à Bouzeu le Vazon dans pas longtemps. Ca me laissera du temps pour écrire ..Yessss !!!!
Quant à Rico, il répondra lui même... J'délationne pas mais je crois qu'il s'est engagé lui aussi dans un rude combat , à savoir la libération des nichons...
C'est sûr, les super héros n'ont pas une vie de tout repos....
C'est vraiment la charital qui se fout de l'hôpité ! Comme s'il se passait plus de trucs sur Genmachinchose ! Nannnn, j'le crois paaaaas !
Par pièges, je parlais du pièges de la bouche d'égout...
Tu es trop parano... Je ne parlais pas d'autre chose ...
... Pfff...
Même Rico, et répond pas sur les nibards de la patronne...
Zêtes des caves ou quoi ? Et bé, je me demande si je ne vais pas retourner sur les skyblogs ;)
Ah ouais mais moi j'ai pas l'esprit mal placé et je pensais pas à cette histoire de trou qui s'est ouvert devant nous et qui nous a fait lamentablement chuter. Bien que je dois dire que nous avons subi ce fâcheux évènement sans nous départir de notre grâce et de notre féminité ...Hummm...Passons....
Mais non on n'est pas à la cave :)
Moi je soigne mes bleus...
Et puis flûte alors, ça sert à quoi que je poste des conneries si tu les lis pas ? T'es belge ou quoi ? On l'a déja dit, redit et répété, chanté, vomi et dégueulé, Rico en ce moment il rentre, il mange et il va se coucher dans son duplex du 9-3...
Et puis faut pas oublier que l'hiver arrive... Va pas tarder à rentrer dans son terrier jusqu'au printemps...
Je viens de relire tous les commentaires au-dessus, et je trouve ça navrant... Je plains ceux qui les ont écrits (!)
Heu, sinon, il est où le loup ? (zavez comprendu ?)
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