Nombre Magique

(roman d'une journée)

Dans la vie, on ne sait pas pourquoi, mais il y a des nombres qui vous suivent. Moi, par exemple, c'est le 69. Allez savoir pourquoi...
Mais en ce qui concerne k@t, le nombre qui la suit sans cesse, c'est le 437. Pourquoi ce nombre là plutôt qu'un autre, me direz-vous, non sans réprimer un bâillement qui laisse deviner que votre ennui commence à poindre ('tain, c'est bien dit, non ?)
Alors voilà, je vais tout vous raconter. Vous avez une heure ou deux devant vous ?
Figurez-vous que k@t est venue me voir récemment dans mon neuf-trois natal. Non, vous ne rêvez pas, la paysanne a débarqué, comme des anglais, en pays Cathare, chez les Sarrasins franciliens ! Et dès le début, ce nombre fatidique la suivait : à votre avis, quel a été le nombre de kilomètres qu'elle a parcourus pour aller de chez elle, dans le soixante seize jusque chez moi dans le quatre-vingt treize ? 437 ! Tout rond ! Vous me direz, de Normandie jusqu'en Ile-de-France, y'a pas 437 kilomètres ! Bah non, bien sûr, mais kat, en bonne paysanne, s'est lamentablement plantée en route et a fait cinq fois le tour du périph' avant de trouver une sortie !
Ensuite, et là je dois la féliciter, elle trouve toute seule comme une grande la rue qui mène directement chez moi. En fait, elle a trouvé une astuce : depuis la porte de Vanves, à chaque croisement, elle a tourné d'abord à gauche, puis à droite, puis à gauche, et ainsi de suite. Et hop, elle a atterrit chez moi ! Et quelle heure il était, quand elle a frappé à la sonnette de ma porte ? (oui, kat frappe aux sonnettes, elle n'a pas encore compris qu'il suffisait d'appuyer sur le bouton, mais c'est normal, à la campagne, des sonnettes, y'en a pas !) Alors, quelle heure ? 14H37 ! Et oui ! Encore le fameux 437 ! Hallucinant, non ? (comment ça, non ?!) Bon, d'accord, c'est un peu tiré par les cheveux, comme dit mon coiffeur, mais bon, c'est quand même étonnant, hein oui ?
Ensuite, après un excellent velouté de potiron (heu, si, si, sans blague !) nous sommes allés sur Paris, plus exactement au zoo de Vincennes pour visiter nos familles respectives, elle les macaques du Japon à cul rouge (véridique !), et moi les orang-outan au grand sexe... (le premier qui fait un commentaire...)
Nous sommes arrivés assez tard, et vous savez à quelle heure il fermait, le zoo ? À 16H37 (ce qui donne 04h37 sur douze heures...) ! Mais ne quittez pas, ce n'est pas fini ! (eh ! Vous, au fond ! Réveillez-vous !)
Nous quittons le zoo (en fait, les vigiles nous jettent à coup de pied au cul car nous, on ne voulait pas quitter nos familles en pleurs), et nous décidons de partir voir la pyramide du Louvre de nuit. Ni une, ni deux (ni trois non plus), nous y allons. On arrive à proximité, on s'engouffre dans le parking public et là, oh surprise, k@t arrive à se garer en marche arrière entre deux grosses berlines sans les effleurer ni ravager leurs portières ! Époustouflifiant ! Mais là n'est pas le plus surprenant. Devinez quel est le numéro de notre place de parking (allez, faites un effort, c'est facile, tout de même) Oui ! Bravo, monsieur au fond, le numéro 437 ! Hein ? Quoi ? Ah non, y'a rien à gagner ! Pfff, profiteur, va !
Alors, je disais quoi, ah oui, le 437. Encore et toujours !
Nous quittons enfin le Louvre car finalement, la nuit, on n'y voit pas grand chose ! K@t a bien pris quelques photos, mais dans le noir et sans flash, le résultat n'est pas très convainquant !
Alors atteints par une faim de loup, nous décidons de partir sur Montparnasse nous faire un resto (et une banque juste avant, histoire de payer le resto !) Nous entrons dans un Hippopotabouse, établissement célèbre notamment grâce à son tartare de boeuf pimenté servi en forme de cône et accompagné d'un écrasé de pommes de terre (un steack purée, quoi !) et là, que nous dit la charmante hôtesse d'accueil dont je cherche encore l'utilité - y'a vraiment des gens payés à rien foutre – bref, que nous dit-elle ? Qu'il va falloir attendre, paskeu y'a du monde, et qu'on est samedi alors vous comprenez, faudra êt'e patients, blabla, foule, blabla dans le jus, blabla fumeurs ou non fumeurs, blabla vous êtes deux ? Blabla c'est pour manger ?... NON, C'EST POUR FAIRE UN TENNIS, CONNASSE ! Bref.
Alors, me direz-vous, où veux-tu en venir ? Et bah, vous me croirez ou pas (bon, si vous me croyez, c'est mieux), combien de temps d'attente pour avoir une table ? 43,7 minutes ! Eh oui ! Presque trois quarts d'heures !
Évidemment, nous sommes partis, car on n'avait trop faim pour attendre, et nous nous sommes finis dans un resto chinois tenu par des Coréens et dont le chef est un Marocain sans papier, mais là n'est pas le sujet.
Après ce magnifique repas (plus jamais ça !), k@t me dit qu'elle préfère rentrer, alors que je lui propose de dormir chez moi dans mon canapé clic-clac-l'affaire-est-dans-le-sac auto-gonflable do-it-yourself. Mais non, elle préfère rentrer chez elle. Donc, elle me raccompagne près de chez moi parce qu'elle a pitié et que de toute façon, à 4h37 du mat' (damned, encore ce nombre !), y'a plus de métro (de toute façon, j'avais oublié ma carte orange deux zones à tarif réduit). Pour retrouver son chemin, elle utilise la technique qui l'a rendue célèbre (droite, gauche, droite, gauche... une vraie campagne électorale, sa technique !) et hop, elle me jette près de ma maison et reprend la route pour retrouver son rural 76.
Et là, comme pour clore cette journée mouvementée, je remarque un panneau près de moi, le panneau qui indique la route que vient de prendre k@t pour rentrer chez elle. Et qu'y-a-t-il de marqué sur ce panneau ? D437 ! Et oui ! K@t est rentré par la départementale 437 ! Si c'est pas trop fort, ça !
Y'en a qui sont poursuivis par le chiffre de la bête, d'autre, par le nombre d'or, k@t, elle, elle est poursuivie par un nombre qui sert strictement à rien et qui ne veut absolument rien dire ! Que voulez-vous, c'est comme ça, parfois, la vie est dure, parfois elle est injuste, et parfois, elle fait des trucs complètement débiles ! La vie, c'est ça aussi !

Rico